(UN) Roméo aime les armes. Roméo aime les belles choses. Roméo aime les belles armes. Il aime s'en entourer comme des reliques, des machines poussiéreuses et rouillées suspendues aux murs, accrochées à sa main. Il aime parader avec, il aime jouer avec, il aime croire qu'il appartient à une autre époque, comme elles. (DEUX) Son père lui reproche souvent sa faiblesse de coeur. Sa sensiblerie. Son amour des belles choses, qui le séduisent trop facilement, qui l'enroulent autour de leurs doigts sans mal aucun. Il a un coeur tendre, et des lèvres plus douces encore. (TROIS) Mais il fait parfois peur d'une cruauté sans nom. Il aime faire peur, il aime faire mal tout autant qu'il aime admirer les belles choses. C'est là son sens même de l'esthétique: ce qui fait mal, est beau. Ce qui fait trembler, est beau. (QUATRE) L'époque qui a le plus marqué sa vie fut l'année qu'il a passé avec son éraste (un homme plus âgé, ayant pris son éducation en charge pendant un temps). C'est là qu'il s'est découvert un certain romantisme, un grand sens de l'esthétisme et une nouvelle manière d'envisager la vie. (CINQ) On lui connait ses coups de coeur, mais aussi ses coups de sang. Cette impulsivité fatale, qui fait bouillir le sang dans ses veines, qui le fait serrer les poings. C'est là un élève soldat; c'est là un fils de Mars. (SIX) Roméo s'est découvert une passion pour les fleurs. C'est bien honteux. C'est bien puéril. Pourtant il n'en démord pas et sa chambre ressemble plus à une serre qu'autre chose. C'est peut-être un hobby, c'est peut-être un système de défense. Ce que personne n'ignore, c'est que à son chevet se cotôient rose rouge et belladone. (SEPT) Il n'est pas rare de le voir parader seul, arme au poing, coeur dans la main, les épaules rentrées et l'air las. Il semble toujours agité d'un nouvel émoi, d'un nouveau souci. Avec lui, chaque évènement inconvenant devient une catastrophe et il lui faut du temps pour méditer et s'en remettre. (HUIT) Faux. Faux. Faux. On voit dans son regard, quand il parle, comment les mots sont choisis; les émotions créées; les visages composés. On devine un sens de l'esthétique dans sa manière de faire, de s'habiller, d'être. Il n'y qu'après l'amour, ou lors d'un combat, qu'il est vrai, cru, réel, cruel. Qu'on voit la bête sauvage trop pleine de passion sous le masque calme et sophistiqué. Mais chut. Tout le monde sait que son apparence est fausse, et personne n'en parle. (NEUF) Le bras droit de son père en toute chose, l'héritier parfait, le Montaigu qu'on attend; on ne doute pas de sa capacité à prendre la famille en main quand il sera temps. Vraiment? Certains lui inventent une compétition du côté de ses cousins, il en rit. Il aime penser que sa famille l'adore. Le fils prodigue. (DIX) Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit.