Le satin glisse le long de sa jambe, elle soulève le drap et aperçoit son corps, ce corps de femme qu'elle ne connaît que trop bien, pale et lisse, qu'on pourrait croire pur mais qui est loin de l'être depuis longtemps déjà.
Petite sylphe aux pieds nus elle est arrivée « Me voici. » Elle n'était pas seule sur le bateau « Moi aussi. » et « Moi de même. », il y avait sur le bateau Toile d'araignée et Papillon de nuit, elle était graine de moutarde, trois petites fées au regard brillant, qui sans le savoir deviendrai terne avec le temps.
Les Maure, ils l'avaient arraché, tiré par le bras, puis transporté, brossé et récurer, elle entendait leurs paroles mais ne comprenait pas la langue, elle savait pourtant déjà qu'on allait la vendre. Parì ne bougeait pas, elle baissait la tête acquiesçait face à ces grandes personnes qui venaient la juger du regard, lui ouvrir la bouche, lui regarder les mains ou la longueur de ses jambes. Et puis on l'a prise à nouveau par la main, et on l'a amené dans un palais aux couleurs éclatantes, un endroit où les sourires étaient accrochés aux lèvres comme des broches d'or aux rideaux des fenêtres.
On l'a mise dans une chambre, on lui a dit de nettoyer, de faire le lit, d'apporter les robes et de passer les chaussures aux pieds. Elle était vive, rapide et surtout discrète, on ne l'a voyait presque pas au milieu de tous ce monde mais surtout elle savait garder sa langue même lorsqu'elle apercevait des corps passer par la cuisine et être enterrés dans le jardin, elle ne disait rien, ne criait pas et ne pleurait pas non plus.
Parfaite petite Parì qui chante seulement lorsque la nuit tombe.
Puis son corps d'enfant est devenu un corps de femme, et sa présence dérangeait dans les chambres, on l'imaginait sur les lits au lieux de repasser les draps, on l'imaginait les froisser, et on lui dit qu'elle ne pouvait plus travailler au palais. Elle voulut supplier, demander qu'on l'a défigure pour qu'elle puisse rester à côté des grandes tentures de soie roses et rouge, qu'elle puisse continuer à respirer l'odeur des bouquets dans les couloirs. Mais, elle se tut. Petite Parì, toujours trop discrète à qui on appris à ouvrir les jambes.
Et le temps passe, elle regarde les autres putains et elle grimace, elle ne veut pas devenir crasseuses comme elle, elle veut qu'on se dise que quitte à être un objet, Parì est au moins un morceau de choix. Elle est tendre, douce, parfois capricieuse, elle se donne toute entière attendant qu'on lui donne en retour.
Parì est patience, le moment viendra où elle aura son mot à dire dans l'histoire, où son rôle sera in portant, elle s’avancera sur les planches, et jouera le mur ou bien le lion, ou peut-être le fantôme. Quoi qu'il en soit elle sera là, droite et fière, elle ne comptera plus pour des poussières et on la mettra au rang des étoiles. Elle rejoindra son ami l'esprit du vent et des tempêtes et elle continuera de danser avec ses bracelets de chevilles.
En secret elle continu de prier pour les âmes de ceux qu'elle a aimé, pour les Capulet, pour les autres aussi, elle chante doucement à la lumière de la bougie et de l'encens.

Lulla, Lulla, Lullaby ! Lulla, Lulla, Lullaby !
Que ni malheur, ni charme, ni maléfice
N’atteigne notre aimable dame,
Et bonne nuit, avec Lullaby.

Elle s’endort sur le satin, l'homme ronfle à côté de son sein, il sent l'alcool et le foutre, elle lui caresse la joue. Peut-être un jour un de ces messieurs viendra à son tour la regarder s'endormir, attendra que son souffle devienne paisible et embrassera son front, peut-être un jour, viendra t-on lui dire qu'elle est plus qu'une simple sylphe de chair, venu séduire les corps et qu'elle peut être femme et mère et mourir dans un tombeau de pierre.