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 Don't you see what's coming ?

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AuteurMessage
MESSAGES : 16
INSCRIPTION : 02/08/2015
PSEUDO : Pauline
AVATAR : Zoe Kravitz
ALLÉGEANCE : Macbeth
OCCUPATION : Petit chimiste, apothicaire de l'ombre, dealeuse.
Silvia Acilius
Silvia Acilius
Message(#) Sujet: Don't you see what's coming ? Don't you see what's coming ?  EmptyDim 27 Sep - 21:43


don't you see ?
Claudius Helsingor. La main de fer, le tueur d’épouses.

Silvia aurait pu esquisser un sourire au silence qui suivit son entrée. Si elle n’avait pas hésité à lui accorder cet entretien, elle avait pensé en premier lieu le rencontrer près du mur, entre deux maisons de fortune, au beau milieu d’un bidonville érigé à cause des siens. Les affamés de pouvoir. Mais elle n’était pas bien certaine qu’un tel décorum puisse faire ciller le monstre et peut-être n’était-ce pas plus mal de le laisser prendre ses aises dans une salle chauffée où des jeunes femmes ravissantes ne cessaient d’aller et venir. L’une des catins, une vieille connaissance de la sorcière, lui avait apporté un verre de vin et, bien qu’il ne s’agisse pas de sa boisson de prédilection, Silvia en buvait une gorgée lorsque Helsingor passa la porte. Sa carrure aurait pu être impressionnante, pour tout autre que la jeune Acilius. Menaçant, même. Ses épaules larges, ses mains immenses et son visage taillé au couteau. Elle pouvait comprendre la terreur que suscitait l’homme, les rumeurs que l’on entendait parfois dans les ruelles romaines. Silvia enregistra ces différentes informations comme on note les détails d’un tableau, d’une sculpture, comme on les relève pour mieux s’imprégner de l’œuvre. Il n’était ni beau, ni laid, mais puissant, à sa manière. Ce qui ne lui attira pas pour autant l’estime de la sorcière.

Elle ne le quitta pas des yeux lorsqu’il s’approcha, ni lorsqu’il s’assit, ne se départit pas de son air d’ennui. « Et bien ? Devons-nous commencer ? » Silvia savait ce que l’homme voulait et ne comptait pas perdre sa soirée en divinations faussées par la cupidité et la soif jamais étanchée d’un membre de grande famille. A moins que… « Quelle est votre question ? » Silvia n’était que rarement intriguée. Il fallait, pour cela, toucher une corde sensible : la rage, le désir de vengeance, sa haine dédiée toute entière aux Macbeth, Capulet, Maure et autres saletés. Il n’était pas que des riches, imbéciles ou non, viennent la consulter pour un tirage, un jet d’osselets, pour lire les runes de leur soi-disant destinée. Claudius Helsingor était le premier de sa lignée à faire appel à ses services et elle ne put s’empêcher de se demander – d’une toute petite voix indifférente, dans un coin de son esprit – pourquoi. Qu’espérait-il ? Connaître l’avenir de la Cité, de ses affaires ? Obtenir une femme, un prix, un objet ? Quelque chose au fond de ses tripes lui hurla que non. Quelque chose d’autre lui hurla de se méfier, de ne pas se mêler des affaires de l’homme de fer, de le laisser disparaître dans les nuits de Rome sans chercher à s’en approcher. L’avertissement résonner dans son crâne depuis qu’il l’avait faite demander et s’il lui arrivait parfois d’écouter cette voix toujours bien informée, elle n’en fit rien.

Reposant son verre après un dernière gorgée, Silvia tira de son sac un pochon de velours sombre et élimé par endroits dont elle sortit son tarot. Les cartes, vieilles et légèrement cornées par endroit, étaient utilisées depuis des années pour prédire les malheurs et les fortunes des Romains qui lui étaient envoyés, ceux qui, par le bouche-à-oreille, avaient entendu parler de la sorcière tatouée, de l’enfant sauvage arrivée dans la Cité cachée dans la cale d’un bateau. Les femmes, plus ou moins jeunes, plus ou moins dénudées, passèrent près de leur table, à la fois tentée et effrayée à la vue de l’assassin présumé. Silvia les ignora. Si elle ne les connaissait pas toutes, elle en savait assez sur la moitié d’entre elles pour s’assurer de leur silence et, d’un geste calme et habité, elle battit ses cartes en se concentrant sur l’homme face à elle. Sur la raison de sa visite, sur sa présence même. Elle imprégnait, dans un coin enfoui de son esprit, le visage de l’homme, l’associa au moment précis où elle posa les cartes sur la table avant de les pousser vers lui. « Coupez. De la main gauche. » Les phrases, courtes et froides, dénuées de formules de politesses, étaient pourtant prononcées avec une certaine douceur. Il ne fallait pas brusquer les cartes. Ne pas les froisser, ne pas les irriter. Il n’était pas si compliqué de les interpréter une fois leur confiance accordée, déposée sur la table comme un cadeau, un don mis à la disposition de la sorcière comme de son consultant. Silvia le regarda faire, guettant le moindre geste de la bête, observant le mouvement de ses doigts, de ses bras sous le tissu, de sa mâchoire, à la lumière diffuse et rougeoyante de la maison close.

(C) AMIANTE
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