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 Fléaux de nos âmes perdues [Orphée]

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Invité
Message(#) Sujet: Fléaux de nos âmes perdues [Orphée] Fléaux de nos âmes perdues [Orphée] EmptyMer 5 Aoû - 19:23


Fléaux de nos âmes perdues



Un pas après l’autre dans un brouillard d’hommes. Sous un voile charbonneux moucheté de constellations, en plein cœur de la jungle romaine, la béquille éprouve grand mal à se coordonner avec sa jumelle. N’ayant pour semelle à mes pieds que le pavé de Rome, je tangue par moment, seul indice des affres qui brûlent en mon delta ravagé. Je déambule parmi les ivrognes et les marauds, happée par les fortes odeurs de spiritueux  ou par les regards fauves, aussi vulnérable qu’une brebis face à la meute de loups. Toute drapée de jaune et de rouge, la carcasse se meut au loin, creusant dans les ténèbres de la grande allée, en quête de l’inconnu. Derrière, l’inquiétante ombre du bordel s’érige dangereusement, à l’affût de mes déplacements, menaçant de me gober derechef si j’avais la folie de pousser l’exploration au-delà des limites permises. Je reviendrai, je n’ai, après tout, nulle part où aller. Et l’édifice semble rassuré ; disparait à l’horizon comme j’entreprends mon aventure rectiligne sur le Delirium Tremens.
Aussi chatte que me permettent les résidus d’une estime naguère piétinée, je minaude les requins par un fatras de mimiques se voulant appât, indiquant aux poches garnies la direction du nid d’amour tout en les escortant de promesses pour en gonfler leur désir. Hormis des passants dégoûtés par mes manières, les mièvreries parviennent à persuader quelques panses affamées qui ne se font pas prier pour ripailler dans l’antre de la débauche. Mon efficacité étant prouvée, je consens alors à m’accorder une pause. Trouve un lambeau de nuit jeté dans un recoin de la rue pour m’y asseoir. Puis clos le rideau de chair comme j’inhale à pleins poumons l’ersatz de liberté à l’entour, l’âme bercée par la cacophonie d’un monde aux rouages bien obscurs. À défaut de le comprendre, je l’admire, offrant tout du moins l’entièreté de mes sens au théâtre duquel je vis dans les coulisses.  

J’esquisse sur la toile de mon esprit les premiers traits d’un monde que j’entends, peaufiné par mon imagination débordante de prisonnière née. Des froissements, des bruissements et des rires parviennent en échos jusqu’à moi, laissant voltiger une joie de vivre qui se suicide pourtant contre les murs de ma maison. Il y a beaucoup de musique ; une orgie de délicieuses mélodies est juxtaposée à l’orchestre naturel de la verdure du coin, de sorte que la fête flamboie à toutes les intersections. Ce que je perçois ne s’arrête pas à l’artère où je me situe ; des citadins claquent les volets de leur fenêtre pour préserver leur sommeil du hourvari se déchainant dans les rues voisines, d’autres arpentent les venelles, un boulet de pauvreté à leur cheville, mais la liberté bien en main, certains se noient dans les barils de gnôle, d’autres parlent argent ou amour ; une partie de la ville se réveille et l’autre s’endort. Et moi, je rêve en vain d’une vie meilleure, accrochée au dessin que je garde en mémoire depuis cette nuit fatidique où, m'étant esbignée à la veille de mon accouchement, j’ai pu humer les prémices d’un bonheur tant désiré.
À mes oreilles me parviennent soudain des exclamations puériles.
Suivies du gloussement discret d’une gamine joueuse que j’ouïs filer à toute allure dans un lacis de ruelles derrière moi.
Ma curiosité sitôt piquée par le spectre de cet enfant, j’abandonne mes fantasmes pour m’engager à mon tour dans les étroites allées, plus indifférente à l’obéissance promise que je ne l’étais en début de soirée. Je pourchasse ce fantôme sur les traces sonores de son rire candide, bravant la noirceur en toute imprudence, en vrai plus intriguée que réellement courageuse. Attends-moi. Ne pars pas. Elle rit ou se moque, je pense. Je traverse en claudiquant des endroits sombres et inconnus sur une distance que je ne saurais estimer, aux talons de cette ombre qui prend vie dans le foyer d’une possible folie, et je tends le bras face à moi, pensant pouvoir enrouler mes doigts frêles sur l'extrémité de son crin soyeux.

Mais c’est la solide pogne d’un mâle qui piège le membre ainsi étiré et suscite une surprise de ma part. On ne me laisse aucun temps de réaction comme je termine échine contre poitrail, les bras entravés de telle sorte qu’on annihile tous mes espoirs de fuite. Si je ne peux voir l’auteur de mes entraves, ma position me permet tout de même de dénicher non loin la présence de deux autres scélérats qui grignotent la distance comme des hyènes.
«  Bonsoir, beauté, souffle contre ma tempe mon geôlier, que je devine répugnant par la simple odeur nimbant ses vieux haillons.
N’aie pas peur, jolie jolie. On va pas te faire de mal. Et le rire qui s’ensuit corrobore les mauvaises intentions. »
Il n’y a plus rien pour faire rempart à leurs vœux, si ce ne sont les voiles de pudicité toujours intacts à cette heure. Du regard, on me viole comme les mains s’alanguissent timidement sur les courbes que l’on convoite sans discrétion aucune. Contrairement à ce qu’ils pensent, je n’ai pas peur de servir d’autel à leur libido ; ce ne serait pas la première fois, après tout.  J’ai plutôt les yeux gorgés de colère.  Que je m’en veux horriblement d’être aussi faible ! Incapable du moindre mouvement, je mitraille mes billes dans l’environnement sombre qui leur servira de couche, à la recherche d’une aide. A travers les brumes de mon courroux, derrière les épaisseurs de la nuit, je crois percevoir malgré l’éloignement une silhouette qui passe. Je ne sais si c’est l’enfant responsable de mon malheur et je n’en ai cure. Parce que ma robe est déchirée du bas sous l’envie preste de mes assaillants, je n'ai nul autre choix que de bafouer mon orgueil en hurlant aussi fort que possible :
« À L'AIDE ! »

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Fléaux de nos âmes perdues [Orphée]

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